Répressions politiques et professionnelles, version biennoise de la guerre froide

Les licenciements ou les non-(ré)engagements professionnels frappent les enseignant.es « critiques », des salarié.es fiché.es « militants.es » et/ou « extrémistes » par la police. Les immigré.es, considéré.es comme subversifs, sont particulièrement visé.es par les officines patronales. Un fichage systématique touche une personne sur six en Suisse.

Répression et Manifeste Démocratique

Pour situer succinctement l’arrière-fond politique qui permet de donner une explication aux faits relatés ci-après, il faut rappeler que nous sommes encore dans la « guerre froide » et dans les retombées de Mai 68. Les formes de la répression dans  cette période sont multiples, avec notamment : – la « chasse aux sorcières », « l’anticommunisme » primaire – la mise sous écoute du congrès d’Epalinges de la LMR en mai 1973 autorisé par le Chef de la police fédérale – les dossiers et les opérations d’infiltration, organisées par Ernest Cincera ( membre du Conseil d’Etat zurichois pour le Parti libéral-radical et conseiller national) et par des officines patronales à l’encontre des organisations politiques considérées comme « subversives » et de  leurs membres – le fichage de 900’000  personnes considérées comme « critiques » ou potentiellement « dangereuses » par la police politique – la tentative de mise en place d’une police fédérale de sécurité (PFS) – dans le Jura et à Bienne, la répression de fonctionnaires/enseignant.es considéré.es comme  favorable  aux « autonomistes » ou critiques – le « tabou » de toute critique à l’armée suisse comme un ciment de la « nation ».

Les licenciements ou les non-(ré)engagements ne concernent pas seulement les enseignant.es « critiques » ou prétendument critiques à Bienne/Berne et dans le Jura, mais touchent également des salarié.es fiché.es comme « militant.es » et/ou « extrémistes » par la police dans de nombreux secteurs professionnels, comme l’horlogerie. Les immigré.es, considéré.es comme subversifs, sont particulièrement visé.es par les officines patronales.

Quelques extraits et renseignements figurant dans des fiches établies suite à la surveillance policière, quasi quotidienne parfois dans cette période (écoutes téléphoniques, filatures, espionnage, relevé de plaques de voiture, déplacements à l’étranger, notamment) de supposés membres ou sympathisant.es de la LMR/PSO ou même de connaissances/parents, illustrent, ci-dessous, ce climat de répression et d’atteintes systématiques aux droits et aux libertés démocratiques :

  • A son arrivée en Suisse, en 1972, Marie-Thé. Pousse (M-T.) avait été retenue comme candidate et engagée à l’entreprise horlogère Oméga comme secrétaire trilingue. Elle devait attendre d’être mariée pour obtenir le permis de travail. A l’annonce de son futur nom – Sautebin – le chef du personnel d’Omega a renoncé à son engagement, son futur mari étant connu comme syndicaliste et distributeur de tracts devant les entreprises de l’horlogerie. Pour respecter la CCT de l’horlogerie, un demi-salaire lui avait été versé, tout en l’informant que son cas était désormais connu du patronat biennois, donc inutile de chercher un emploi lui glissait on à l’oreille ! Et la quête d’un emploi dura des années.
  • 3.73 : « S. Ist erwähnt im Erhebungsbericht betr. Sprengstoffdiebstahl in Airolo/Ti » (copie presque illisible) ». Cette inscription figurant dans la fiche de M-T., relative à un prétendu vol d’explosif commis au Tessin avec Paul Sautebin ainsi que Jean- Michel Dolivo et Claude Merazzi, a servi de prétexte pour les faire figurer comme soi-disant participant.es dangereux au fichier « spécial » des extrémistes…Les fiches de M-T. répertorient tous les événements de sa vie privée et politique.
  • Extraits de la fiche de Fritz Freuler (F.) : « 16 avril 1974 : Aus uuverlässiger Quelle konnte in Efarung gebrachet, dass der vorgennante seit längerer Zeit regelmässig an Versammlungen der LMR in Biel teilnimmt ». Le fichage de F. a eu comme conséquence qu’après son apprentissage au Crédit Suisse (en 1975) et après un «interrogatoire » par la direction du Crédit Suisse, F. n’a plus trouvé de place de travail. Il a dû prendre des boulots précaires, ne correspondant pas du tout à sa formation. Son fichage s’est poursuivi jusqu’en 1987, alors même qu’il était conseiller communal à Bienne ! Toute ses relations « privées » ont fait l’objet d’une surveillance. Son seul délit pénal : avoir collé une affiche au moment des condamnations à mort de militant.es antifranquistes par le régime du dictateur Franco !
  • Extraits de la fiche de Jean-Michel Dolivo (D. dans le texte de la fiche) : « 23.9.72 v. Pol.Kdo.BE. : Ueberwachung des Sitzung des Bieler Aktionskomitee « SIEG FUR INDOCHINA » von 20.9.72 in Volkshaus Biel. Des Saal ist von D. reserviert une bezahlt. D.scheint sich in Lausanne des LMR angeschlossen zu haben. » « 27.9.72 v.do :D.verkaufte am 26.9.72 in St-Imier vor der Fa.Longines die Ztg. 1 Expl. « BADIERRA ROSSA » Nr.1/ Juni 72. n’a pas été renommé, après une année et demie d’enseignement, à son poste d’enseignant d’histoire au gymnase de Bienne en 1975. La première inscription sur sa fiche remonte au 29.9.1968 pour sa participation à la manifestation le 20.8.1968 pour un Centre autonome de jeunesse à Bienne. D. figure sur le fichier « spécial » des « extrémistes » et a été mis sous écoute « aus TAB ». Son fichage s’est poursuivi jusqu’à la fin des années 80.
  • Extraits de la fiche d’André Hofer (H.) : « 9.77 v. Sureté Ne :Bericht die Tätigkeit des SOLDATENKOMITTEES NE bei der RS in Colombier.Fig.auf Liste von Rekruten,di durch des SK-Exponanten VUILLOMNET Henri kontaktiert wordent sind » « 27.6 81 ND BE Bericht über einen Marsch von PSO Mitgl.(ex LMR) v.27.6.81 im Val de Ruz.Ca 8 Personen. Fig.auf Liste erkannter Teinlnehmer ». Le fichage de H. met en évidence que même les loisirs des militant.es de la LMR/PSO étaient surveillés ( une « marche au Val de Ruz !). H. figurait aussi dans le fichier spécial des « extrémistes ». La maman de H. a même été fichée, déjà en 1966. Elle tenait en effet une boucherie à Bienne dans laquelle le président biennois de l’Association Suisse-URSS venait faire des achats. Ces « incongruités » démontrent à quel point le fichage et la surveillance étaient généralisés et massifs ! 

1974 Affichage de dizaines d’affiches en ville de Bienne avec le nom, le prénom, l’adresse et la profession de prétendu.es membres de la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR), présentés comme des « terroristes ».

1974  Le 30 janvier, deux distributeurs de tracts devant l’entreprise AMAG à Bienne appelant les apprenti.e.s à une soirée de solidarité sur le Chili, après le coup d’état de septembre 1973, sont passés à tabac par une bande de nervis de la direction de cette entreprise. L’un aura le tympan crevé.

19 avril 1975   Le comité Indochine vaincra organise une exposition avec distribution de tracts à la rue de Nidau sur la situation au Cambodge. La police intervient, fait évacuer l’exposition et prend l’identité de 4 distributeurs-trices. Deux des distributeurs inculpés font opposition au mandat de répression.

Samedi 8 mars 1975 Lors de la journée internationale de la femme, le groupe du Mouvement des femmes en lutte (MFL) de Bienne tient un stand à la rue de Nidau. La police intervient pour inculper une militante en l’accusant d’exposer de la littérature sans avoir de patente.

Lundi 16 juin 1975  Lors d’un affichage au scotch dans le cadre de la campagne menée contre les licenciements par le comité de soutien aux travailleurs de la General Motors – comité qui regroupe le PS, le PSR, le MPF, le POCH, la LMR, LP et le PCE – la police fait inculper une militante, cette dernière fait opposition au mandat de répression.

Suite à cette série d’atteintes à la liberté d’expression, une déclaration publique de protestation fut rendue publique, signée par les organisations de la gauche radicale ou proches d’elles à l’époque (MFL, CIV, LP et LMR) et soutenue notamment par le conseiller national socialiste Arthur Villard, des conseiller.es communaux : Marcel Erard, Roland Villard, Sylviane Zulauf ; Ernest Stauffer, député, des professeurs, comme Guy Lévy ou Werner Hadorn.

En 1975, se constitue à Bienne un « Comité pour la défense des droits des enseignants » qui appelle à une assemblée publique le 28 mai 75 à la Maison du Peuple sur la base de cet appel : « Profitant de la pléthore actuelle d’enseignants, les autorités sont en train de chercher à écarter de l’enseignement des maîtres défendant des opinions de gauche et/ou considérés comme « non-conformes ». Ces mesures sont prises dans plusieurs régions de Suisse. On peut citer le cas de 4 enseignants à Emmen (…) A Bienne aussi et dans la région des enseignants du gymnase, de l’école secondaire, des éducateurs(trices) se voient refuser un poste pour l’année prochaine, ce refus se basant clairement sur le fait qu’ils sont connus pour défendre des opinions de gauche et/ ou pour avoir une pratique pédagogique qui développe l’esprit critique. Ces faits représentent une atteinte grave à la liberté d’expression, d’opinion des enseignants qui est un droit démocratique élémentaire. Un certain nombre d’enseignants concernés par ce problème entendent s’engager pour la défense des droits des enseignants (…). »

Février 1977 création du Manifeste Démocratique Bienne, à la Maison Farel.

Communiqué de la Société des officiers Bienne-Seeland : « Un certain nombre d’organisations extrémistes de gauche et de groupes révolutionnaires agissent dans notre pays, ouvertement ou clandestinement. Leur objectif est de bouleverser nos institutions démocratiques et notre société libérale. La Société des officiers Bienne-Seeland considère que les activités d’informations d’Ernest Cincera sur ces éléments extrémistes et leur détection sont nécessaires. La Société des officiers Bienne-Seeland condamne tout comportement illégal, tel celui des membres de « Manifeste démocratique ». Elle s’élève contre la tactique totalitaire bien connue, consistant à mener une campagne de harcèlement pour détourner l’attention des procédés illégaux utilisés par « Le Manifeste démocratique ». Elle demande instamment que la loi soit appliquée. La Société des officiers Bienne-Seeland condamne aussi toutes déclarations ou prises de positions unilatérales et tendancieuses, dans les mass-médias, qui reposent sur la diffamation et ne respectant pas l’élémentaire objectivité à laquelle l’opinion publique a droit. (Décision prise lors de l’assemblée générale du 9.3.77.)

Le 28 mars 1977, article de mise au point dans le Journal du Jura :

« « A propos du Manifeste démocratique. On nous écrit : Certains milieux biennois voient d’un très mauvais œil la création d’une section, il paraît indispensable d’informer le lecteur sur les objectifs du Manifeste démocratique, et de lui soumettre les quelques réflexions qui nous sont venues à la lecture des différents articles opposés au Manifeste démocratique. En Suisse, certains milieux se plaignent que la télévision et les mass média‘ en général sont trop à gauche. Prenons l’exemple de la télévision. Une émission de « Temps présent » sur la liberté d’expression en Suisse a retenu l’attention de l’opinion publique. J. Frischknecht, journaliste zurichois, et N. Meienberg, réalisateur du film « L’exécution du traître à la patrie Ernst S. » ‘ont’ raconté ‘comment ‘on’ cherche -à ‘les empêcher d’exprimer ce qu’ils pensent. Ils ont témoigné des pressions qu’ils avaient subies pour avoir osé exprimer des idées contraires à certains milieux économiques et politiques puissants. Une autre émission fit beaucoup parler d’elle. Il s’agissait, à l’Université de Fribourg, d’un débat retransmis en direct avec un représentant de Nestlé qui dut répondre à des questions pertinentes sur la politique d’investissements de ce trust dans le tiers monde, Dans l’ensemble, ces deux émissions reflétaient des opinions de gauche. Or, ces prochains jours, les organisateurs de ces deux débats sont convoqués par le directeur de la SSR pour s’expliquer. Ce dernier fait serait des plus surprenants, si la TV était aux mains de la gauche ! Si l’on considère ‘maintenant la presse, on constate que la question financière est décisive. Alors que le Manifeste démocratique se heurte à la difficulté d’informer largement le public sûr ses activités, l’« Action responsabilité et liberté» a déjà publié deux fois dans les grands quotidiens romands et alémaniques ses options politiques contre le MD. Une telle page publicitaire coûte des centaines de milliers de francs ! Cet exemple montre bien qui a les moyens de mettre l’information à ‘son service’ ! Loin de disposer de tels moyens financiers, la gauche — et, en particulier, le MD — est obligée de formuler clairement ses objectifs afin de gagner des secteurs toujours plus larges de la population. « Le Manifeste démocratique » veut défendre tout individu « inquiété parce qu’il exprime des opinions critiques ». Il considère qu’une des règles fondamentales de la démocratie est la possibilité offerte à tout mouvement, si minime soit-il, de formuler des critiques à l’ordre établi. Il estime que « seul le rassemblement solidaire de tous les concernés peut faire échec au rétrécissement des droits démocratiques, à la pression politique grandissante et au processus d’insécurisation qui lui est lié ». Voir dans le Manifeste démocratique une œuvre de subversion, c’est vouloir criminaliser tout ce qui se situe dans l’opposition. C’est susciter un climat propice au fanatisme. C’est revenir à la chasse aux sorcières d’antan. Il n’y a plus qu’une seule vérité, celle des possédants : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. La création du Manifeste démocratique est une réaction de défense légitime qui montre que, même en Suisse, le maintien des droits est d’actualité. Verena Strasser, Peter Luginbuhl, Paul Jakob, Hans Sommer, Sylvie Bonnard, Hans Rickenbacher, Otto Kaufmann, Fritz Dumermuth, Sylviane Zulauf, Camille Eyer. 

Le 17 mai 1978, le groupe des enseignants VPOD de Bienne organise un débat public sur le thème : « Y a-t-il actuellement de mauvais enseignants.  « Qu’est-ce qu’un bon enseignant ?» avec la participation de Mme Mireille Lévy, enseignante, membre de la VPOD et MM. Maurice Villard, inspecteur des écoles secondaires, et Jean-Marie Adatte, professeur de pédagogie à l’Ecole normale. Le corps enseignant bernois doit être élu dans son ensemble en 1980. Face à la fermeture de classes et le grand nombre d’enseignants formés, sans emploi, quels critères les autorités scolaires vont-elles appliquer pour ces réélections ? Ne va-t-on pas profiter de cette période pour « éliminer », sous des prétextes divers, des enseignants ayant des opinions critiques ?

Le 16 novembre 1978, assemblée organisée par le groupe enseignants VPOD et le Mouvement populaire des familles (MPF) au restaurant St-Gervais. 80 personnes présentes. Après avoir échangé leurs idées sur le thème « L’école en question », elles ont voté la résolution suivante : « Le système scolaire défavorise les enfants issus des milieux travailleurs, en particulier ceux des immigrés, par une sélection qui les empêche dans leur majorité d’accéder aux écoles moyennes et supérieures. Les autorités aussi bien fédérales, cantonales que communales, mènent une politique scolaire qui va dans le sens d’une aggravation de la sélection et non d’une plus grande égalité des chances dans la formation. En effet, au niveau fédéral, une loi sur la formation professionnelle nous est présentée, qui légalise la sous-qualification des jeunes. Elle les laissera désarmés face à la crise et au chômage, et en fera une main-d’œuvre bon marché. Le Gouvernement bernois, en refusant l’initiative pour la diminution de l’effectif des classes, s’oppose à la réalisation d’une école plus juste et moins sélective pour l’ensemble des élèves du canton. Et sur le plan biennois, le Conseil de Ville a discuté un budget qui prévoit la fermeture de 14 classes. Pour nous, le système d’éducation devrait garantir à tous la meilleure formation et ne pas se contenter de former une élite. C’est pourquoi nous disons oui à la diminution de l’effectif des classes et non à la nouvelle loi sur la formation professionnelle les 2 et 3 décembre. Nous constatons qu’un climat d’intimidation et de peur se développe parmi les travailleurs du secteur public et du secteur privé, et que les interdictions professionnelles se multiplient. En 1980, l’ensemble du corps enseignant bernois sera réélu. Vu le grand nombre d’enseignants sans place, les autorités politiques et scolaires pourraient être amenées à exclure de l’école les enseignants critiques, rejoignant par-là la politique que le patronat applique depuis longtemps dans l’industrie privée à l’égard des travailleurs les plus combatifs. Les plus vulnérables sont les auxiliaires réélus tous les six mois, les remplaçants et les itinérants. Nous rappelons que le droit à la liberté d’opinion est un droit démocratique élémentaire ; toute personne peut l’exercer, qu’elle soit fonctionnaire ou salariée du secteur privé. Au lieu de renvoyer de la profession d’enseignant des personnes « non conformes », nous demandons que toutes soient réélues en 1980. » Les personnes présentes à cette assemblée, convaincues que l’école ne saurait être l’affaire que de spécialistes, souhaitent d’un débat large et démocratique se poursuive.

Le 13 août 1979, réunie en séance extraordinaire, la Commission prit la décision de licencier M. Perret de son poste à la tête du Gymnase, sans pour autant lui faire perdre sa place de professeur de mathématiques.

Pendant l’affaire Perret (1980), le Groupe enseignants SSP/VPOD s’est beaucoup investi dans la défense de Louis Perret, notamment son Président Guy Lévy. Ce dernier, déjà visé dans le cadre des cincéristes en tant que Président du Manifeste démocratique, alors en procédure de nomination définitive à l’Ecole normale de Bienne fit l’objet de fortes de pressions pour cesser le soutien à Louis Perret. La nomination de Guy Lévy, fut remise en question par le secrétaire général de la Direction de l’instruction publique de l’époque qui demanda à la commission de ne pas le nommer. C’est, entre autres, l’intervention du syndicat SSP/VPOD, indigné par la transgression des droits fondamentaux que constituerait cette non-nomination, qui fut décisive dans la nomination de Guy Lévy.

Le 1 novembre 1979, l’Association des élèves du Gymnase français de Bienne (AEGB) et le Groupe enseignants VPOD organisent une manifestation de soutien à M. Perret et d’opposition aux interdictions professionnelles.  Elle aura pour but d’exiger la réintégration de M. Perret, en dénonçant la politique scolaire de la commission du Gymnase français qui a refusé toute discussion aussi bien avec M. Perret qu’avec l’AEGB et le corps enseignant, et en dénonçant aussi la pratique de l’interdiction professionnelle.

Le 4 décembre 1979, dans le contexte de la non-réélection de M. Perret et, plus généralement, dans la perspective de la réélection de tous les enseignants du canton de Berne, le groupe enseignants VPOD organise une assemblée publique sur le thème « Pour le maintien des droits démocratiques, contre les interdictions professionnelles : quelle réponse syndicale ?», avec la participation de Heini Bloch, secrétaire fédératif VPOD, et de l’avocat socialiste Gilbert Baechtold, conseiller national.

Le 28 janvier 1980, 700 à 800 jeunes (en particulier des gymnasiens.iennes et des étudiant.es de l’Ecole normale) manifestent de la place du Ring à la Gare de Bienne pour demander la réintégration du recteur du Gymnase de Bienne, Louis Perret, non- reconduit à son poste de recteur par la Commission du gymnase français. Guy Lévy, président du groupe d’enseignants VPOD prend la parole à cette occasion., ainsi que le conseiller de ville, Raymond Glas. La LMR, très active dans cette mobilisation, demande la réintégration de M. Perret à son poste de recteur du Gymnase français de Bienne. Elle conteste formellement le droit à la commission du Gymnase et aux partis bourgeois de juger de la qualité du travail de M.Perret, la commission n’ayant aucune compétence pédagogique.  La LMR appuie entièrement les actions résolues menées par les élèves du Gymnase français et d’autres écoles, ainsi que par le groupe enseignants VPOD qui, au travers d’actions et de manifestations, ont porté le débat sur la place publique. La section biennoise de la LMR demande notamment au Conseil Municipal, au maire socialiste en particulier, de s’engager fortement et publiquement pour la réintégration de M. Perret. Elle demande également au parti socialiste romand et au parti socialiste du Jura bernois de se distancer publiquement de leurs représentants à la commission du Gymnase français et de se retirer de cette commission en signe de protestation.

Le 23 juin 1980 les élèves du Gymnase français de Bienne ont suivi dans leur grande majorité le mot d’ordre de grève lancé par l’Association des élèves du Gymnase de Bienne (AEGB). À midi, les élèves du gymnase allemand, réunis en séance plénière, ont décidé de faire, aujourd’hui même, une grève symbolique d’une heure. Le motif de la grève des élèves est un appel lancé aux membres de la commission du Gymnase pour qu’ils sortent de leur mutisme et que les raisons soient enfin données pour justifier la non-réélection de M. Perret.

Jean-Michel Dolivo